Le collage reproduit date de 1950, il est typique du travail réalisé avec les gommettes autocollantes. Les formes semblent flotter très librement sur la surface bleue. Une danse s'engage, le vent souffle sur les petites pièces de papier. Toutefois, ce petit collage ne perd en rien de la rigueur structurelle revendiquée par Marcelle Cahn dès 1925. On se rend compte, en regardant de plus près que le support de ce collage est une planche d'étiquettes bleues. Cette planche devient la composition de l'œuvre, avec ses formes serrées, losanges, triangles, carrés, cercles... Et comme si la légère usure que l'artiste a fait subir au papier venait encore renforcer la structure donnée par les jointures des gommettes en fond. Le support a ici son importance, il est déjà composé, il présente déjà une dominante chromatique, ce bleu légèrement usé, mais il est aussi un réservoir de formes. Comme en témoignent les formes décollées en bas à droite, il serait possible de retrouver les autocollants dans d'autres collages du même moment. Les formes géométriques sont dans un déplacement constant, à la recherche d'un rythme qui ne soit ni répétitif, ni mécanique, mais au contraire vivant, léger, plein de fantaisie. Dans le même collage, certaines formes se sont déplacées : le cercle légèrement assombri en bas à gauche semble provenir de la rangée de cercles en haut ; un losange est projeté en haut à droite, recouvre son voisin et s'associe aux autres pour donner une direction. Structure construite, découpe mécanique des étiquettes et liberté déconcertante de leurs déplacements et de leurs associations. Équilibre précaire, tension. Stéphane Mroczkowski (1) Marie Luise Syring, "Du purisme à l'abstraction puriste", traduction Inge Hanneforth, catalogue, Paris, Galerie Lahumière, 1997. |
Sans titre, 1950 |